FENÊTRE SUR COUR

JUIN – JUILLET 2020

En cette période post-confinement, les salles obscures demeurent pour le moment fermées au public. L’équipe de la Troisième Porte à Gauche ayant vu sa programmation annulée, a su se montrer créative pour vous proposer une expérience collective de cinéma à travers une série de projections de films qui aura lieu, depuis vos fenêtres !
L’idée de « Fenêtre sur cour« , est de ne pas laisser vos fenêtres fermées, ou dormantes, mais plutôt de les transformer en des espaces ouverts sur le monde, à commencer par celui de vos voisins et voisines.
À partir du lundi 1 juin, nous vous proposerons chaque semaine une soirée cinéma à diffuser depuis vos fenêtres endiablées.
Pour cet évènement, nous serons rejoints par d’autres associations, comme Ciné-Marges-Club et Association NAAIS, qui vous réservent d’ores et déjà une belle soirée cinéma.

Comment ça fonctionne ?
Le projet Fenêtre sur Cour est une programmation hebdomadaire de modules vidéo d’environ 30 minutes, édités par l’équipe du pôle Projections de la Troisième Porte à Gauche (et quelques ami.e.s). 
Ces capsules ont vocation à être partagées avec vous : une belle équipe de projectionnistes en herbe ! Si vous êtes équipés d’un projecteur, n’hésitez pas à le sortir par la fenêtre et à projeter sur les murs qui vous entourent pour une expérience collective. Sinon, vous pouvez aussi les regarder chez vous.

Les programmes courts de Fenêtre sur Cour s’installent sur vos murs chaque lundi, et voici les thématiques des capsules de films à venir :
1er juin – Skate moderne
8 juin – Lumières expérimentales
15 juin – Terre et mer
22 juin – La ville s’anime
29 juin – Carte-blanche à Ciné-Marges-Club autour de la parodie
6 juillet – Histoires de famille
13 juillet – Carte-blanche Association NAAIS
On compte sur vous pour projeter dans la ville à 22h les lundis soirs, et pour nous envoyer vos photos.

Capsule n°7 « Denis Cointe »
en partenariat avec Naais

Mot de passe : deniscointe
« Pour cet ultime module, nous accueillons trois films courts de Denis Cointe, réalisateur ami de la Troisième Porte à Gauche. Trois oeuvres avec des ballons noirs gonflables en fils conducteurs, comme empreints d’une grave légèreté. De tentatives d’échappées en mouvements contraints, ils entrent en résonance avec la période traversée. Rester immobile et se mouvoir, être isolé mais connecté, ces films traduisent peut-être visuellement ces oxymores contemporains. » Victor

Capsule n°6 « Histoires de famille »

Une aiguille pour coudre
Brigitte Barin et Lise Weiss, 2016, 4′
https://vimeo.com/164558208

Le sentier
Bhopal, 2016, 6′
https://vimeo.com/225528787

Au pays des oranges tristes
Dhia Jerbi, 2018, 26′
https://vimeo.com/272326973

« La famille, qu’elle soit à nos côtés ou qu’elle brille par son absence, nous façonne, construit et forge nos identités. Vaste sujet cinématographique, c’est un thème de prédilection parce que riche, et pour l’universalité qu’il dégage, s’adressant à chaque spectateur dans ses aspects les plus intimes. Reconstituer des récits familiaux par les arts plastiques, créatifs ou visuels, c’est permettre un questionnement imagé et suggéré de souvenirs intenses parfois durs vécus par les personnages, par le réalisateur, qui se dévoilent et se mettent à nu devant nous. Un sujet universel qui n’empêche pourtant pas les singularités, magnifiquement représentées ici par les différentes formes cinématographiques que notre séance vous propose : Un fil qui se tisse et se délie au fur et à mesure des récits d’une mère ; le cadre de photographies de famille, parfois trop serré pour les émotions qu’elles évoquent, qui s’élargit sous nos yeux, grâce à quelques coups de pinceaux ; des poèmes récités et venus d’ailleurs, venus d’un autre temps pour renouer avec le présent, pour réparer des liens brisés par la distance et la séparation. »

Cécile

Capsule n°5 « Carte blanche à Cinémarges »
LUNDI 29 JUIN 22H :

WOMEN IN LOVE / Pascal Lièvre / 3m33
Musque de Liz MC Clarnon 3 Women in love » – performance de Pascale Ourbih, actrice et militante trans.
Une vidéo-coiffure qui évoque les procédures de normalisation à travers les gestes de coiffures.
http://lievre.fr/women-in-love/

ABBA MAO / Pascal Lièvre / 3m40
Musique d’Abba «Money, money, money» sur le texte de Mao Zedong «La culture et l’art».
Le travail de l’artiste Pascal Lièvre prend la forme d’un détournement, d’un dédoublement parodique de la culture populaire, où se confrontent humour et politique. A l’écran, l’artiste performe un play-back en se maquillant, rejouant le geste de Pierrot le fou de Godard, ou celui de Bruce Nauman dans ses videos, Art Make-up.
http://lievre.fr/abba-mao/

LA RACE N’EXISTE PAS / Pascal Lièvre / 3min
Un texte du philosophe Achille Mbembe extrait de son livre  Critique de la raison nègre sur la musique de Shine bright like a diamond de la chanteuse barbedienne, Rihanna. L’artiste reprend les codes esthétiques des vidéos d’Angela Davis : une femme face caméra, et décline son style parodique.
http://lievre.fr/la-race-nexiste-pas/

I AM A BOYBAND / Benny Nemerofsky / 5m24
L’artiste canadien rejoue toutes les parties d’un boyband interprétant une chanson populaire du 16ème siècle de John Dowland « Come again, sweet love doth now invite ».
http://www.nemerofsky.ca/i-am-a-boyband

SUBTITLED / Benny Nemerofsky / 2m52
Une interprétation poétique du tube « Can’t get you out of my head » de Kylie Minogue
http://www.nemerofsky.ca/subtitled-video

FUNKY TOWN / Brice Delsperger / 4m12
Reprise par Jean-Luc Vernat & His Dum Boys
Ce clip est le fruit de la collaboration entre 2 artistes Vernat/Delsperger, qui ont collaboré sur la série « Body double », jouant sur le double, avec de multiples références au cinéma, où l’art du travestissement.
https://vimeo.com/63958450

LA CUISINE DE CUNÉO / Lionel Soukaz / 2m42
Caméra au poing, Lionel Soukaz, a documenté l’histoire des luttes LGBT des années 70 à 90. Son œuvre est parsemée de rencontres improbables et « camp », comme celle avec l’illustrateur argentin, Joseph Cunéo, qui livre ici un lip-sing jubilatoire, sur une reprise de « Oh Carol ».
https://www.dailymotion.com/video/x20qks

DIVA HYSTERIA / Denis Gueguin /  5m55
Cinq visages en gros plan, hommes ou femmes ?
Par la technique du morphinh, ils se fondent avec cinq icônes du cinéma. Un jeux de miroir ou la transformation va et vient entre le sublime hollywoodien et la confusion des genres.
Sur « Stress » du groupe Justice
https://videos.videoformes.com/video/110728

Capsule n°4 « La ville s’anime »
LUNDI 22 JUIN 22H :

– Graffitiger de Libor Pixa, 2010, 10′ : https://www.youtube.com/watch?v=upi8VF_a8qM
– Peripheria de David Coquard-Dassault, 2015, 12’ : https://www.youtube.com/watch?v=_lgjn_ieZ6c
– Ghost Cell d’Antoine Delacharlery : https://www.youtube.com/watch?v=ajvjgx52ofs (6’22)

« A la ville minérale, géométrique, surproductive, fonctionnelle et dortoir vient s’ajouter le vivant, désordonné, spontané et indomptable. La ville a toujours été plurielle. Elle n’a de cesse de se justifier face à ses propres paradoxes. Face à NOS propres paradoxes. Cette programmation vient pointer du doigt les incohérences, les impossibilités mais elle souligne aussi l’urgence de réagir face à un modèle qui nous échappe. Les différentes techniques d’animation employées dans cette courte série de court-métrages viennent puiser dans quelques-unes de nos perceptions de passants, de promeneurs, de regardeurs ou d’habitants… Partons animer nos villes, partageons d’autres imaginaires et redonnons aux murs leur fonction de récit. »

Louisa

Capsule n°3 « Terre et mer »
LUNDI 15 JUIN 22H :

« Le premier s’appelle « Parabole d’or » et le second aurait pu s’appeler « Parabole bleue » tant ils sont symétriques, muent par le même geste cinématographique d’épure. Aucun sujet fort n’enferme la narration, ces films s’envolent, prennent des allures de symphonies où le mouvement des éléments se frotte aux gestes des hommes. De jaune ou de bleu, de poussière ou d’embruns, de plomb ou de fureur, de terre ou de mer, qu’importe, la sueur des hommes y est toujours la même.
Ces films sont tirés des dix courts métrages que Vittorio De Seta a réalisé en Sicile entre 1954 et 1958 dans un flamboyant technicolor. »
Christophe

Capsule n°2 – « Lumières expérimentales »
LUNDI 8 JUIN – 22H

Films:

·        Géminga, Hugo Verlinde, 2003, 9’15 min – https://vimeo.com/72039237
·        Tung, Bruce Baillie, 1966, 4’45 min – https://www.youtube.com/watch?v=h2D-jyktB1A
·        Stellar, Stan Brakhage, 1993, 2’20 min – https://www.youtube.com/watch?v=L8r9t135_xY
·        Lights, Marie Menken, 1966, 6 min – https://www.youtube.com/watch?v=fuz2F2na5BE
·        Vital Signs, Barbara Hammer, 1991, 9’30 min – https://www.youtube.com/watch?v=kPxtzudVuhE
« Des motifs de couleurs, de lumières, des images, venant illuminer la nuit, la déranger. Des ombres de nos corps projetés au mur. Une danse nocturne et macabre rappelant l’ombre de la mort, et les êtres perdus. Au commencement des motifs abstraits, qui peu à peu laisseront place au récit, à l’être-temps. »
Sofiane

Capsule n°1 – « Skate moderne »
LUNDI 1ER JUIN – 22H

Films :
–        Rouli-roulant de Claude Jutra, 1965, 15’ : https://www.youtube.com/watch?v=oiuqgbpkc5s
–        Le Skate Moderne d’Antoine Besse, 2014, 7’ : https://www.youtube.com/watch?v=icaUX_9Z788&t=1s

« Tout commence par un film de Claude Jutra, pionnier du cinéma direct québécois, et une dédicace « à toutes les victimes de l’intolérance » … Il signe un faux reportage où le « rouli-roulant » est une épidémie qui envahit les rues dans les années 1960. Quelle est donc cette drôle de planche à roulettes qu’on étudie scientifiquement ? Le film offre un guide quasi exhaustif des pratiques de skateboard – étendard libertaire. Bien avant les affronts avec l’autorité des films de Larry Clark (Wassup Rockers, Marfa Girl), la police est déjà l’ennemi de la glisse. L’enjeu esthétique pour Jutra c’est de toujours garder en tête qu’on filme un sport individuel ET une pratique collective. Le skate c’est la bande, comme celle qu’on retrouve dans un cadre bucolique dans le film d’Antoine Besse (ou bien celle à l’œuvre sur Rouli-roulant : tout la crème du cinéma direct est aux manettes, Michel Brault et les autres).
De la même manière que nous avons troqué l’horizontalité des rues pour la verticalité des murs en projetant ce double-programme, ce deuxième film saute le pas de la vitesse pour la figure. Pratique urbaine par excellence, le skate est intrinsèquement lié aux spots de béton, aux routes bitumées et à un style vestimentaire bien citadin. Le Skate Moderne se fout de ces clichés et embrasse la campagne à bras ouverts. A bas le mobilier urbain ! Nous sommes aujourd’hui en Dordogne avec un groupe de jeunes qui s’attachent à vivre leur passion dans la géographie de leur village. Antoine Besse joue sur la confrontation du moderne et de l’archaïque. Apanage de la culture street, le skate est pourtant placé sous les pieds de jeunes campagnards dont les costumes, (stan smith, bérets, bretelles, pantalons de velours) les inscrivent dans un passé lointain quoi qu’imprécis. Anticonformiste, le film pousse le vice jusqu’à entretenir une subtile confusion entre fiction et documentaire. Jeux de lumières, fumigènes, décors choisis minutieusement… La mise en scène est léchée et emprunte une esthétique propre au clip. Il y a finalement dans cette façon de filmer une liberté qui fait écho à celle de ces skateurs modernes. »

Louise & Victor